Faut pas hésiter à envoyer ses propres chroniques si celles-là plaisent pas...
Pour l'instant c'est surtout des chroniques récupérées (avec autorisation)...
reimspunknroll@free.fr

Accès rapide :

° BUMBLEBEES - Cissetive
° EVIL WORMS - Y'a des coups de pied au cul qui s'perdent!
° LOOK DE BOUC - Le monde entier moins le monde entier sans vous
° OCRE / ETHYLEEN LEIDING - Twin Powers II
° CYANN & BEN - Happy Like An Autumn Tree
° THE FILM - Can U Trust Me ?
° BAKCHICH - e.p. 3 titres
° SEB ADAM - Les Rosiers
° 4tRECK - 8 titres
° BREEZY TEMPLE - 17 titres
° GUINEA PIG - Bientôt Votre Mariage
° PARK - Red Light District
° LIBELUL - Au Vent
° RROSELICOEUR - Demios Oneiron
° FUCKY DEASES - Démo 5 titres
° SUBMERGE - Compilation 15 titres
° USUAL SUSPECTS - Garvaghy Road
° ZORGLÜB - Things are pinckin'up


BUMBLEBEES - Cissetive
9 titres (Emolution rds / Overcome rds)
Enregistré au studio l’Îlot, à Ludes, ce Cissetive est enfin un nouvel album des bourdons rémois. En fait, plus on écoute ce disque, plus cet insecte leur va bien. La musique est noble, ronronnante, lente et imposante comme un bourdon, mais elle sait aussi être nerveuse et coriace. Dans cet épisode, Bumblebees goulu comme jamais butine de nombreuses variétés florales, du cactus à l’orchidée. A la première écoute, c’est d’ailleurs assez déconcertant, on ne sait que penser, aussi parce que Cissetive est assez différent du précédent 3 titres R’llingstenforgain. Puis, c’est à force de passer et repasser dans le jardin que l’on tombe sous le charme, le nez poudré de pollen. On sent que les musiciens du groupe se sont lâchés. Nicolas sort à la batterie des roulements inédits tout en laissant place à un fleuve de guitares soniques et sauvages. Le chant en français est quant à lui, plus assumé, un des atouts majeurs du groupe. De cette émancipation, naît une maîtrise habile de l’alternance des passages clairs et violents sans hésiter à rentrer dedans quand il le faut. Ils ont voulu un album sensitif et plus direct, il l’est. Hardcore, noise, rock, post-rock voire pop, Cissetive est inclassable.
Je reviens en particulier sur trois titres : Bordel de Chacal, un morceau en deux temps à la noise oppressante, au chant éructant la messe au Dieu Ford (cf. Le Meilleur des Mondes) suivit d’embardés presque noisy-pop. Klub Barak 79 est un intermède bien venu, apporte une respiration poétique laissant libre cours à la verve d’un alcoolique serbe (souvenir de vacances), un morceau cinématographique. Stolnjak est le chef d’œuvre de l’album, ce que j’aime le plus de Bumblebees. Le morceau se met en place lentement avec de longs passages de descentes d’accords en son clair, pour ensuite passer en disto et donner matière au chant de pousser dans un registre émo. On saisit là l’érotisme et l’aspect lascif du groupe, et l’on s’abandonne volontiers dans le final chamanique où dansent clarinette (on pense à Akosh) et gros accords à la Hint (période Dys).
Cissetive donne l’impression que tout peut arriver pour Bumblebees, il pourrait autant susciter un bel engouement qu’une totale incompréhension. Il affirme en tout cas la place unique du groupe dans la scène française.

Cookoo, septembre 2004

www.bumblebees.new.fr


EVIL WORMS - Y’a des coups d’pieds au cul qui s’perdent !
5 titres (51 Monochrome)
Et c’est eux qui le disent ! Et c’est en effet ce qu’on se dit quand on voit la pochette ! Mais passons, l’humour potache n’a jamais fait de mal à personne, et quelques dessins de mauvais goût non plus.
La musique, elle, tient ses promesses : ça se dépêche, ça court dans tous les coins, et de temps en temps ça prend le temps de faire un break d’un quart de seconde ! Les ingrédients habituels sont dans la marmite : guitares punks à 100 à l’heure, batterie itou, et chants mélodiques en anglais avec chœur : du bon vieux hardcore mélo comme les Seven Hate et de nombreux autres groupes en faisait dans les années 90 ! Et comme beaucoup continuent d’en faire, le style convenant parfaitement à une jeunesse active et motivée.
On pourra toujours regretter le manque d’expérimentations sortant du cadre strict intro / refrain / break / couplet / chœur, mais finalement, n’est-ce pas tout aussi bien que des groupes perpétuent un style, fidèlement, avec passion et application ?
On écoute donc ces cinq morceaux avec un réel plaisir, et on en regretterait presque que le disque ne soit pas plus long ! Six ou sept morceaux supplémentaires du même calibre ne feraient pas de mal ! On attend un vrai album, maintenant !
Quant au contenu signifiant des paroles, qu’on peut lire dans le livret, il se décline sur les thèmes de la tolérance, l’implication, la vie ! Evil worms : des garçons au fond bien angélique !

jyuri, reimspunknroll, septembre 2004

06 81 99 34 52
www.evilworms.fr.st
www.51monochrome.fr.st


LOOK DE BOUK - Le Monde entier moins le monde entier sans vous
(In Poly Sons / Musea)
Encore un retour qui ne nous rajeunit pas ! Surtout que celui-ci célèbre un état d'enfance qui n'en finirait pas. Il est vrai que seul importe pour le label In Poly Sons l'«art musical sempiternel». Mais tout de même, LOOK DE BOUK, ça nous ramène au bon vieux temps du label AYAA, le festival des musiques de traverses à Reims, et tout le toutim... C'est du reste en 1985 que remonte sa naissance discographique, avec Laecrimae Rerum, qu'une réédition CD a rappelé à notre bon souvenir en 2001, sous le titre L'Âcre Hymne aérait Rome. G aminerie d'un jour, gaminerie toujours... Alors certes, ça remonte à quelques lunes, mais l'art pechno-brut du trio, qui baigne par essence dans la perpétuelle jouvence, a le mérite rare de ne pas vieillir, et pour cause !

Son enfance sempiternelle, LOOK DE BOUK ne l'use pas outre-mesure, ce qui explique peut-être sa longévité. Car tout de même, son dernier album remonte à 1990 ! Depuis Bec et Ongles, les trois garnements ont surtout assuré leur longévité en musardant de compilation thématique en compilation thématique (Ubu et le Merdre, Hardis Bruts, MW pour Robert WYATT, No More No Mouroir, Pechno Hits...) et en jouant dans d'autres bacs à sable (TOUPIDEK LIMONADE, SZENTENDRE...).

Plus d'une décennie plus tard, comme on pouvait s'y attendre, la «pechno pop» d'Etienne HIMALAYA, de Denis TAGU et de Kwettap IEUW n'a pas pris une ride. Le Monde entier moins le monde entier sans vous livre seize nouvelles pochades tout aussi branquignolesques qu'auparavant. Muni de chansons-bouts de ficelle, de couplets-bouts de scotch et de refrains-bouts de colle, LOOK DE BOUK redéfinit l'enfance de l'art. Avec ses mots tripotés et ses mélodies renversées, marqué des sceaux croisés de Jean DUBUFFET, d'Albert MARCOEUR, de Pascal COMELADE et du «Prince des penseurs» Jean-Pierre BRISSET, il impose le parc d'enfant comme terrain d'expérimentation musicale dans le vaste et parfois aride univers des musiques nouvelles. Là ou certains se rouillent les méninges à vouloir «sonner» modernes, LOOK DE BOUK prend un malin plaisir à atteindre l'authentique en sonnant «faux», utilisant tout plein de faux instruments (fausse trompette, fausse clarinette, faux trombone timbré), une pléthore de percussions, et recyclant tout ce qui
traîne dans la maison en l'absence des parents : pot de yaourt, verre d'eau, mouton, pompe à vélo, planche à découper, vache, ressort, Goldorak, etc.

Un nouvel album de LOOK DE BOUK, c'est un peu comme un non-anniversaire au pays des merveilles de Lewis CAROLL : on s'y amuse d'autant plus si on ramène tous ses copains. Ce nouveau non-anniversaire de LOOK DE BOUK, enregistré entre 1995 et 2002 (une journée, que c'est long !), voit donc la participation de Jean-François PAUVROS (oui, MARTEAU ROUGE, CATALOGUE...) à la mandoline électrique, de Didier PIETTON (oui, oui, ART ZOYD...) au sax alto, de Bernard ODOT (A GETHSEMANI, c'est cela...) au chant et à l' accordéon, et plus, vu que les affinités ne manquent pas.

Mais il n'est pas question de s'enfermer dans un univers autiste : bien au contraire, et comme l'indique le titre, LOOK DE BOUK part même ici en quête d'observation du monde entier, étalant sa connaissance de la géographie («Ce n'est pas ici cet été-ci au lac d'Annecy ni à Nancy... Ça s'passe pas quand c'est l'hiver, Paul», dans Mais c'est où, alors ?), sa tirade sur l' instrument («Le Musicien tient au sien, le macho le tient au chaud...», dans D'l'eau l'mythe a l'goût), ou sa réflexion sur la nouvelle monnaie («la virgule m'envoie dans une pirouette, ça fait pas une cacahuète... une monnaie unique ne peut pas dépasser un», dans Rappy Birthday), et toujours cultivant la rime qui paye pas de mine mais qui devient vite hymne («C'était un petit chant inattendu, perdu sitôt qu'entendu, qui se jouait de ma mémoire, comme une odeur de vieille armoire...» dans A ma mnèse).

C'est en jonglant avec ces «mots inutiles, insensés et sots (qui) n'ont d' autre ambition que d'enlacer les sons» que LOOK DE BOUK décrasse l' imaginaire du quotidien. A ses images sémantiques, il a joint cette fois l' image visuelle en incluant une piste vidéo permettant de voir le clip d'un morceau de son deuxième album,La Couverture du rat, dans lequel on retrouve tous les éléments de l'univers de LOOK DE BOUK : jouets mécaniques, poupées
dévoyées et livres «pop-up» alternent avec des images du groupe en live, rareté suprême ! On aura beau dire, mais le monde entier sans LOOK DE BOUK, ça aurait nettement moins de gueule !

Site du label : http://inpolysons.free.fr

Stéphane Fougère


OCRE / ETHYLEEN LEIDING
Twin Powers II
7 + 6 titres (Partycul System)


Au fil des sorties, Partycul System marque son territoire : un superbe plateau à la flore luxuriante, se découvrant après quelques crapahutages dans les sentiers escarpés du Caucase. Et ce n'est pas pour cause d'absence de ces derniers dans les guides touristiques que l'on doit renoncer à la randonnée. L'effort n'en sera que plus récompensé.
Le label donne ici suite au premier volume de la série de splits intitulé Twin Powers (vol.1 = Supersoft [14-18] + Andy's Car Crash). C'est un trio Angevin (guitare – basse – batterie) qui inaugure le track-listing. On avait notamment pu apercevoir Ocre en concert au VIP, à l'occasion du Reims Nazz Festival. Ils confirment à travers ce disque, le bien que l'on pensait d'eux. Même si, en guise de préambule, les trois premiers morceaux renvoient à l'exercice de style, on passe un bon moment. Mais c'est avec Einemof que les choses s'éclairent. Le morceau tourne autour d'un plan basse cyclique et saccadé, la batterie boîteuse soutient, et la guitare malicieuse se ballade, le tout finit par s'embrasser dans une belle embardée fugazienne. Le rock instrumental ocrien est certes énergique, mais il sait aussi se poser (Chatel Perronia). Ce n'est pas du pur brut de décoffrage. Non, c'est entre jaune et marron.
De l'autre côté du split, Lou Flanagan chevauche en cow-boy solitaire du XXIe siècle. On l'imagine se poser au coin du feu, invoquant ses dieux-mélodies, jouant de la guitare à la belle étoile de son ampli. Il propose ici un projet alternatif à Rroselicoeur dont il est batteur. Ethyleen Leiding lui permet donc de revenir au manche, comme un premier amour que l'on n'oublie pas prouvant ainsi que ce n'est parfois pas contre-productif. Six morceaux, six bijoux tendant vers les collections de prestigieux orfèvres : Ry Cooder, Lynch, Sonic Youth version SYR, bref des trucs de cow-boys. Et comme l'exercice du split appelle à la comparaison, c'est Ethyleen Leiding qui par son potentiel romantique bénéficie de nos faveurs.

Cookoo (Juin 2004)
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CYANN & BEN
Happy Like An Autumn Tree
(Gooom Records)

A l'écoute de ce deuxième album de Cyann & Ben, il serait grand temps de ne plus avoir honte de notre scène rock française. Le quatuor originaire des Ardennes, aujourd'hui installé à Paris, revient un an tout juste après la sortie de son premier album, et nous offre avec Happy Like An Autumn Tree un joyau post-rock éblouissant de beauté, où se mêlent des paysages désertiques faits de sables mouvants où l'on s'enfonce avec la plus grande des délectations, à d'obscures forêts ombragées, mystérieuses et attirantes à la fois. On entame ainsi la découverte de ces paysages par un superbe et tendu Circle complètement habité et sublimé par des notes de synthé obsédantes et transcendantes, comme une sombre lueur se frayant timidement un chemin au travers des branches. Que ce soit au milieu d'arbres étranges ou dans le sable chaud et caressant, on se laisse aspirer par la poésie de Cyann & Ben (Silence And Little Melodies For…, A Moment Nowhere). La balade orchestrée par les quatre ici, se révèle tout en même temps inquiétante et excitante : on flotte au gré des sons minimalistes (Tide), d'un piano enchanteur et de la voix irrésistible de Cyann, comme sur le merveilleux Gone To Waste, un oasis immaculé au milieu d'un désert sablonneux regorgeant de mille trésors. Là, on s’arrête soudain sur l’énigmatique Close To Discovery aux accents baroques, tel un aviateur égaré dans le désert qui rencontrerait un petit garçon blond, farfelu et plein de bonté à la fois. Happy Like An Autumn Tree est sans nul doute bien parti pour recevoir un accueil tout aussi enthousiaste que son prédécesseur, Spring. Cyann & Ben décline les saisons avec une virtuosité et une poésie sonore sublimes et touchantes. On a vraiment envie d'inventer pour eux de nouvelles saisons aux quatre déjà existantes, histoire que tout ça dure le plus longtemps possible.

Amandine Becret
(Juin 2004)
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THE FILM
Can U Trust Me ?


4 titres (Koffee Beatz / Discograph)Double projet rémois (ou presque) que ce maxi divertissant. Un, le single que l’on entend dans sa version originale puis trois fois revisité. C’est en effet B.Lebeau & G.Brière qui se cache derrière ce groupe, ils ont émigré depuis quelque temps à Bordeaux où ça chauffe un peu plus sur les dance-floor, inspirant du même coup les deux larrons à composer ce hit rock’n dance qui, pour les mateurs assidus de télévision, sert aussi la publicité de la 407 Peugeot, celle avec les voitures en lego. Et de deux, l’un des remix est effectué par Yuksek (cf. ZB 25), déstructurant ainsi le morceau original, l’agrémentant de palpitations plus distordues. Ce titre a d’ailleurs été sélectionné sur la compilation des Inrocks. Prochain episode de Yuksek : la sortie d’un maxi sur Hypnotic.

Cookoo (Juin 2004)
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BAKCHICH
e.p. 3 titres (autoproduction)

Bakchich donne enfin suite au maxi Des équilibres sorti en 2002. Ils n’ont encore, pour cette fois-ci, pas franchi le stade de l’album. C’est dommage ! Ceci étant dit la production est puissante et racée bref, irréprochable. Bakchich reste fidèle à leur réputation de groupe énergique et mélodique. Une énergie passée entre les manettes de Fred Rochette (encore lui !) d’où le résultat.
Trois morceaux dont S’il y a des Chances qui donnent le titre à ce e.p. Peut-être est-ce en hommage à la victoire au tremplin des Moissons Rock où Bakchich affrontait Huck et Lunéa, et avait par ailleurs foutu le feu en première partie des Lutins Bleus ? De cette victoire, ils ont gagné un enregistrement au P’n’F studio dont le rendu nous arrive aujourd’hui.
Chaque morceau est bien mis en place. La batterie impose un rythme dense et appuyé, support d’une basse qui ronronne, à des guitares rugissantes et mélodiques. Cet ensemble sert un chant arrogant, hargneux, parfois plein d’un certain romantisme. D’ailleurs, ses lignes et les idées mélodiques interpellent parfois de par une certaine efficacité radiophonique.
Il semble pourtant que le groupe peine à se renouveler d’où le sentiment d’un déjà entendu du côté de la scène rock-groove-fusion des années 90. Il n’y a rien à redire sur les motivations et la maîtrise du jeu, en revanche on aurait tendance à réclamer à Bakchich un peu plus de personnalité.

Cookoo (Mai 2004)
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SEB ADAM
Les Rosiers (5 titres)


On avait laissé Seb Adam à la sortie de sa belle prestation en première partie de Dominique A lors de l'édition 2002 d'Octob'Rock. Depuis, on attendait avec une certaine impatience la suite, et elle arrive ces jours-ci sous la forme d'une démo 5 titres annonciatrice d'un E.P en préparation. Les Rosiers propose trois nouvelles compos de Seb Adam qui innovent par des arrangements plus complexes et plus electro (Les
Rosiers, Circuits Séquentiels). Là où son premier album autoproduit Chapeau Pointu s'était logé dans un registre pop acoustique, parfois électrique (on se souvient du touchant Efsevia),ce nouvel E.P s'oriente davantage vers un travail sur les sons et les claviers (The Bedroom). A cela s'ajoute la réinterprétation de La Valse Décadente et La Saison où l'on découvre l'apport d'une voix féminine sur les choeurs.
A coup sûr, Seb Adam saura une fois encore reproduire tout cela sur scène
et y installer son univers lors de son concert rémois, pour le festival Carphanaüm.
Le rendez-vous est pris !

Amandine Becret
(Mai 2004)
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4tRECK
8 titres (autoproduction)

Le courrier d’où sort ce disque est sobre : un cdr et une carte postale touristique sur laquelle est inscrit ceci: “Salut ! Voici mon cd (auto-prod). Je viens de Londres, mais en ce moment j’habite à Reims. Merci pour votre attention. Sam Callow”. On ne sait à quoi s’attendre, on pourrait presque émettre des réserves. La surprise n’en a été que plus agréable. Ce disque comprend huit petites merveilles aux univers burlesques et bricolés, de surcroît mélodiques, comme un condensé de poésie sonore et bucolique dans une ambiance post-rock. Aurions-nous en 4tReck, le Richard Hamilton de la musique ? Il maîtrise l’art du sampling et de la superposition… Tous ça en solo, chez lui, à la maison. Sam fait de la musique vraiment cool, les similitudes avec Jim O’Rourke et Gastr Del Sol, en particulier l’album Camoufleur, se révèle tout d’un coup avec magie. De ses morceaux, 4tReck en fait aussi bien des loufoqueries déambulatoires, que des folk songs à l’émotion nouvelle. No No No No est une comptine pour de grands enfants où accordéon (ou mélodica ?) et voix masculines s’étreignent, dandinent de droite à gauche. Eastern Promise est un morceau Gastr Del Solien par excellence où secousse acoustique s’alternent avec des phrasés issus tout droit du cœur de ce Morricone lo-fisant.
Le dernier morceau à l’ironie certaine (Eye Of The Tiger) nous impose un zapping musical comme une ballade dans le monde décalé de Sam Callow.
Pour conclure, je me permets de répondre ici à sa carte postale : “Salut Sam ! J’ai bien reçu ton disque ! Je l’ai mis dans la platine une fois, deux fois, trois fois… En fait, il a tourné en boucle. Du coup, j’en ai fais une chronique expliquant au lecteur tout le bien que j’en pensais ! J’ose espérer que quelques curieux te contacteront pour se le procurer !

Cookoo (Mai 2004)
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BREEZY TEMPLE
17 titres (Partycul System / Chronowax)

Suite de l’histoire du prolifique label Partycul System. Après avoir gambadé au milieu des Champs du Cyclotron (compilation émérite des artistes de l’écurie), découvert le complexe Guinéa Pig (désormais nommé Optophone) et encensé comme il se doit le trio Rroselicoeur, nous nous retrouvons dans cet épisode avec l’album Cattleya Songs de Breezy Temple. Ils sont deux : Sharl-Hot Ganache (également membre de Rroselicoeur) et la chanteuse MissMoon . Une fois de plus, on ne peut que saluer l’exigence du labeur de notre label rémois préféré. Il sort ici un magnifique album composé de chansons folk, savoureuses et “pastorales”. Elles semblent enveloppées d’un linceul de poésie incorporelle, mystique dont les couleurs aux apparences candides sont égratignées par une guitare au jeu dépouillé, parfois abrupt. L’aventure est allégresse et mélancolie à la fois. Ce recueil nous fait part d’une fragilité délicieuse et d’un charmant à-peu-près qui peut rappeler, dans les moments les plus pop, le premier album de Cat Power. Cependant ce disque n’a rien à voir avec celui d’une post-adolescente romantique. Il tient plus d’une mère qui murmure, fredonne une chanson à l’oreille de son enfant, à l’aube de son sommeil.
Originalité et concept de l’album, tous les textes sont extraits ou inspirés d’œuvres de grands noms de la littérature Anglo-Saxonne (Oscar Wilde, Edgar Allan Poe, Emily Brontë, Lewis Caroll…). Une fois de plus Partycul System flatte son auditeur. Il propose un disque au contenu dense et aux multiples lectures. Il ne se consomme donc pas comme un album quelconque, il mérite une attention toute particulière.

Cookoo (Mai 2004)
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GUINEA PIG
Bientôt Votre Mariage
12 titres (Partycul System / Chronowax)


Le concert de Guinéa Pig, le 21 octobre dernier dans la salle JP Miquel, à l’occasion de la soirée Partycul System du festival Off d’ Octob’Rock m’avait laissé, quelque peu, dubitatif. Rien de ce qui captivait une bonne partie du public ne m’était parvenu aux oreilles et encore moins au cœur. Je n’y avais vu qu’étalages de nappes de sons stigmatisés par un faire-valoir instrumental. C’est donc en total sceptico-ignorant que j’avais rangé ce projet dans le tiroir des trucs à ne pas creuser. Je peux désormais dire qu’en fait, mon heure pigologique n’était pas encore venu.
Et maintenant, je me retrouve, suite à différentes écoutes de Bientôt votre mariage, dans cette chronique (coincé de surcroît entre deux plumes musicologiques régionales d’expérience), bien embêté… car, encore plus sceptique, face à mes capacités à exprimer et rendre compte de ce disque qui pourtant, vous l’aurez pressenti, m’enchante.
Mon seul but pourrait alors de susciter ici curiosité pour qu’au moins l’occasion, trop peu nombreuse, de vivre la révélation pigologique ne soit pas manquée une fois de plus. (Oui, c’est ça… Arrêtons le guinéaspillage !!!). Peut-être m’en seriez-vous gré si j’apportais un peu plus de concret ? La musique de Guinéa Pig est l’œuvre du compositeur Thomas Fernier. Ses réalisations n’assument aucun étiquetage. Les morceaux enregistrés pour cet album semblent, au premier abord, magma sonore (d’où les confusions possibles) qui ne se laisse apprivoiser qu’à condition d’écouter, de prendre le temps. Les ambiances laissent d’étranges sensations, la perception de notre réalité y est autre, singulière et poétique (un peu comme si trois jours sans sommeil s’étaient écoulés …). Enfin, la lecture de l’article attribué à la fugue, tiré du Dictionnaire de la musique de Roland de Candé, permettra de mieux comprendre quel genre de compositeur est Thomas Fernier ou quel genre de compositeur il n’est pas : “Loin d’enchaîner le créateur dans un effroyable réseau de règles sévères, la fugue laisse au vrai musicien la possibilité d’être libre, au contraire. Il est exact, cependant, que sa pratique est difficile, car rien n’est plus difficile que d’organiser la liberté.”

Cookoo (Février 2004 )
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PARK
Red Light District
45 T


En attendant, la sortie du premier album de ce nouveau projet électro-rock rémois, voici un disque 45 Tour promo qui en dit déjà long sur les ambitions du duo et qui, avec son association Reims Underground, fait malicieusement monter le buzz. La pochette nous renvoie à un univers sensuellement glam, tout en rouge et noir, cordialement subversif avec, en premier plan, un coup de pied déterminé… Comme si la Belle Endormie devait prendre garde à ses fesses, confinée dans ses savates trop molletonnées. Le disque sur la platine, l’objet prend tout son sens, il est réussi ! Il est sophistiqué et trashy, autant sur la forme que sur le fond ! Face A, Red Light District, un son de guitare sortant d’un ampli 15 W (selon cette vieille chaîne Tamashi qui m’a été offert pour la Noël de 1988), une voix féminine doublée et un beat post-garage-house ; le titre tient la route, on peut même dire qu’il trace, avec, cependant un goût de déjà entendu. Face B, Seventeen, le tempo est moins précipité et par conséquent plus efficace. Tout aussi linéaire, sa nonchalance n’en est pas moins gesticulante.

Cookoo (Février 2004)
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LIBELUL
Au Vent
7 titres (autoproduction)


En 2000, Libelul alias Matthieu Rondeau enregistrait un premier disque, 5 titres compilés sous le titre Scared. La même année, il débarquait en Belgique pour suivre des études d’ingénierie sonore. En 2003, Libelul donne suite à son premier opus à travers ce disque de très bonne facture. La même année, Matthieu ramène sa fraise à Reims. Entre temps, il aura allié le sonore au théorique, le sensible à la technique et il aura respiré l’air si vivifiant de Bruxelles. Au Vent est un bon disque pop, ce genre de disque qui pourrait être produit par Domino et distribué par Pop Lane (mais si, imaginons malgré tout), ce genre de disque qui prend de la valeur au fur et à mesure des écoutes, ce genre de disques pour lequel on s’estime toujours trop peu à l’apprécier, sans comprendre pourquoi, ce genre de disque qui, s’il trouve ses fans, les gardera. Ses fans qui le rangeront comme on range un Notwist ou un Hood, procurant ainsi ce sentiment rassurant de savoir qu’il est là, prêt à se laisser écouter pour ainsi réconforter son auditoire. Libelul a enregistré ce genre de disque qui me rappelle combien, instinctivement, j’aime cette pop faite de mélodies empruntes de mélancolies et d’hédonismes, de guitares noisy traversant la pop song (puisque c’est de ça qu’il s’agit) à la manière d’une brise qui nous susurre son sucre à l’oreille, d’une basse ayant sûrement dû traîner, sur certains morceaux, sur les bords du Lac Michigan, au sud en particulier ; cette pop aussi faite de programmations électros caractérisant des rythmiques tantôt entraînantes, tantôt nonchalantes mais faites de cette enveloppe à la limite de la craquelure, de la saturation…
La prochaine étape de Libelul sera de passer d’un projet solo à un projet de groupe pour ainsi envisager le live tant attendu… Au moins par une personne.

Cookoo (Décembre 2003)
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RROSELICOEUR
Demios Oneiron
12 titres (WaitingForAnAngel / Purepainsuger)


Ca y est le voilà ! Le nouveau rejeton de Rroselicoeur est enfin disponible. Certains diront que Demios Oneiron est plus accessible que son prédécesseur, d’autres diront qu’il est moins conceptuel. J’ai envie de dire qu’il est plus pop. Quoiqu’on en dise, Demios Oneiron est superbe. D’abord l’objet. Blanc, sobre, c’est un compact disque, mais si un pressage vinyle est envisagé, il faudra aussi se le procurer car l’artwork est très réussi. Il semble nager dans une espèce de classicisme rétro qui lui confère d’emblée une valeur graphique et une personnalité. Ensuite, le contenu, évidemment. Ah… Le contenu. Allons-y pour la formule : 70 minutes de bonheur ! 70 minutes de ce que nous appellerons du post-rock, expression pratique pour désigner cette musique qui se base avant tous sur les ambiances. Notre village des rêves, signification du titre de l’album en grec, porte donc merveilleusement son nom : il est autant un rêve éveillé à l’écoute de ces morceaux à l’hédonisme post-industriel que l’expression de sensations oniriques floues, multiples, parfois peturbées, à la frontière de l’exprimable. Chez Rroselicoeur, la charge émotive est forte ; elle semble autant intuitive que réfléchie. Ils ont trouvé le juste équilibre, tout comme celui d’avoir abouti à un recueil de morceaux aussi éclectique qu’homogène.
Autre qualité, les influences sont tout aussi bien choisies, on les entend, les reconnaît mais là où la réussite est encore plus captivante c’est dans l’assimilation puisque Rroselicoeur est parvenu à composer et arranger douze morceaux réinterprétant de manière fidèle et pourtant innovante l’héritage d’une génération de musiciens nourris au Velvet Underground, Steve Reich, Sonic Youth, Tortoise et aux groupes de l’écurie Constellation. Demios Oneiron est une nouvelle pierre à cet “édifice”.

Cookoo (Décembre 2003)
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FUCKY DEASES
Démo 5 titres


Groupe encore rémois, donc bancal, composé notamment d’un ampli 4 watts pour une guitare à 3 cordes qui ne le mérite pas, et d’une batterie qui fait tchouc-tchouc. Sans parler de l’ex-clavier, tenu il y a encore peu par un néophyte ayant trop écouté Kraftwerk et Trans Am. Les Fucky Deases jouent le rock’n’roll, ils le jouent cracra et c’est sûrement pour ça qu’ils n’ont pas participé au tremplin de Juvigny : les Moissons Rock. C’est pourtant bien des
bruits de moissonneuse-batteuse qu’on croit entendre par moments... Pour l’instant, un bel avenir de concerts dans
les troquets les plus miteux de Reims leur est promis, et ils ne s’en plaignent pas. Leur démo comporte 5 titres. C’est déjà beaucoup. Alors je peux le dire, j’aime les Fucky Deases. J.R.
Je me joins à toi. Du très bon garage électro de branleurs !.

Cook
oo (Septembre 2003)
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SUBMERGE
Compilation 15 titres

Throne Rds

A la récéption de ce disque, on pense enfin avoir à faire à la sortie du premier album des rémois de Submerge et bien pas tout à fait. C’est une compilation que nous propose leur label espagnol Throne Rds, bilan condensé de titres sortis sur divers splits aux côtés de Dead For A Minute, Karras, Superstatic Revolution et Ananda. 15 titres qui bousculent de par la violence qui s’en dégage. Si l’ensemble est du bon grindcore qui tache au tempo surmené, toute l’expression du malaise renvoyé par la musique est portée par la voix caverneuse et désespérée qui ne cesse de pousser la gueulante. C’est effectivement ce chant qui renforce particulièrement l’impression de tourmente qui hante le disque. Le morceau caché viens mettre un point d’exclamation au disque en justifiant la nécessité d’une musique agressive. Ce qu’il y a aussi de palpitant chez Submerge c’est qu’ils ne se contentent pas de jouer de la musique. Ils sortent également un fanzine, tiennent un webzine, la distro la plus énorme que j’ai jamais vu, un label (Shogun Rds) et organisent des concerts. Burn Out, leur structure, est par conséquent devenu un acteur conséquent du mouvement HC Do It Yourself. Toutes ces activités, ça créé des liens. Moralité : une petite tournée en Europe. A noter le changement de bassiste : Aurel se consacre désormais à Tielnich pour laisser place à Titi aussi dans Mary X et Richard Durn.

Cookoo (Septembre 2003)
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USUAL SUSPECTS
Garvaghy Road


Enregistré il y a plus d’un an, 66ème référence du label Combat Rock et distribué par M10, le dernier album d’Usual Suspects était jusqu’ici passé à la trappe des chroniques (?)
C’est pourtant un des plus vieux groupes rémois en activité, et réellement actif puisqu’ils sortent notamment, par le biais d’Adrenaline Records, le zine No Government, référence de la scène punk alterno. Ce groupe nous rappelle d’ailleurs qu’il y a quelques années Reims vibrait et notamment par sa scène punk. Alors certains y verront justement une musique anachronique mais est-ce que ce qualificatif a encore un sens à propos des esthétiques musicales ? Chaque courant ayant désormais ses adeptes, sa scène et son réseau. D’ailleurs, la France compte certains bastions où l’on arbore encore fièrement la crête. Punk is really not dead ! Là, c’est dans le cœur que les musiciens d’US portent la crête: musique binaire, linéaire, une voix poussive braillant des textes revanchards parfois désabusés, parfois
mieux à prendre au second degré. Aucune ambiguïté, c’est du punk français tendance rock alternatif. La démarche est consciente, ils l’affirment dans le bonus track : “c’est notre identité, c’est trop tard pour changer”.

Cook (Septembre 2003)
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ZORGLÜB
Things are pinckin’up
9 titres (autoproduit)

La bio du groupe ne laisse aucun doute : ça fait trois ans que l’Antéchrist habite à Reims ! C’était pourtant évident. Comme un pied de nez au vieux barbu sur son nuage, Satan avait choisi les fêtes Johanniques de l’an 2000 pour faire retentir les premières trompettes de l’Apocalypse sur le parvis de la Cathédrale. Perfide et fourbe, il camoufla ses anges sous l’apparence d’un trio (basse, guitare, machines) et en tira l’expression artistique du côté sombre de l’âme moderne. Les premières démos n’étaient que coups d’essais et amuses-gueules en vue d’atteindre la maîtrise du discours évangélique. Aujourd’hui, l’art musical apprivoisé, il était normal d’aller au P’N’F Studio de Fred Rochette pour graver dans la matière numérique les neuf morceaux de ce qui allait devenir le premier album de Zorglüb. Leur musique est de toute évidence la régurgitation de plusieurs influences empruntées au métal, à l’électro, en passant par l’indus, voire un brun de cyber punk. Les noms de Ministry, Metallica, Nine Inch Nails ou Treponem Pal viennent donc à l’esprit en réaction aux ambiances pesantes et oppressantes alternées par des saccades binaires saturées. Le chant (english, of course), lui aussi passé au filtre de la distorsion donne le change à des lignes claires au lyrisme proche de certains morceaux de Faith No More notamment sur The Man Without. Quant au son, il tend à rappeler la percutante efficacité d’un Ramnstein : synthétique, lourd et puissant.
Il n’est bien sûr pas question ici de se lancer dans un panégyrique. Sur la longueur, l’album perd de sa fraîcheur mais les compos ne découlent pas moins d’un alliage authentique et réussi. Et si le live est à la hauteur du disque, les amateurs du genre seront ravis.

c/o Steven_S8N - &06 15 93 59 49
2, rue du Général de Gaulle - 51360 Val de Vesle
http://www.zorglub-music.fr.fm
systemzorglub@wanadoo.fr
CD dispo à la F*** de Reims (15 euros) ou en VPC

Cookoo (Septembre 2003)
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